AGICES – Agir pour des Communautés Environnementales et Solidaires

AGICES – Agir pour des Communautés Environnementales et Solidaires

Les collectifs d’habitants et les associations du 18e arrondissement sont en recherche de coopération et d’outils pour développer davantage leurs projets écologiques et solidaires. Mais de nombreux freins – organisationnels, techniques, socio-économiques, relationnels – les bloquent dans leur dynamique. 

C’est le point de départ de la recherche-action menée par Astérya. Trois structures ont pris part au projet : l’association culturelle et sportive De Monblémont, implantée dans le quartier prioritaire de la politique de la Ville Blémont, l’association de locataires CLCV du Champ-à-Loup, et le centre social et culturel La Maison Bleue, situé Porte de Montmartre. Toutes cherchaient à renforcer l’implication des habitants, consolider leurs projets de quartier et favoriser la coopération entre les publics.

Développer les initiatives de quartier par la fabrique de communs

Astérya leur a proposé un accompagnement de 24 mois, fondé sur la co-construction et centré sur trois besoins spécifiques exprimés par les associations. Le premier : un outillage opérationnel, pour monter des initiatives de quartier. Le deuxième : un appui dans le champ de la gouvernance. Et enfin : un soutien au changement d’échelle.

L’équipe a donc, selon une méthode testée et éprouvée, proposé des animations participatives, mis en place des accompagnements collectifs, mené des entretiens semi-directifs, des enquêtes délibératives, et apporté un appui à la structuration interne des associations. Des temps de formation ont également contribué à améliorer la gouvernance, la communication et la gestion de projets.

Le travail de recherche, effectué en parallèle et au plus près des parties prenantes, est venu documenter l’évolution des pratiques, mais aussi mesurer les effets concrets du projet. Ces observations de terrain ont nourri au fur et à mesure l’ajustement des modes d’accompagnement, tout en produisant des connaissances fines sur les leviers et les freins à l’engagement, ainsi que la nécessité d’un accompagnement adapté pour construire des communautés environnementales et solidaires pérennes.

Quels résultats pour les associations impliquées ? L’association De Monblémont a consolidé son organisation et affirmé son rôle central dans la vie du quartier. Elle a obtenu de nouvelles subventions, clarifié sa gouvernance et renforcé ses liens avec la mairie et d’autres partenaires. Ses activités régulières et ses fêtes de quartier sont désormais reconnues comme des moments fédérateurs.

À la Maison Bleue, la collaboration avec Astérya a conduit à la création du collectif Porte Montmartre en Action, né d’une mobilisation d’habitantes autour des conditions de vie dans le quartier depuis l’implantation de vendeurs de rue. En deux ans, il a réuni plus de 130 membres et organisé plusieurs actions publiques. Ces démarches ont favorisé un dialogue renouvelé avec les institutions, entraînant des améliorations concrètes comme le renforcement du nettoyage, une présence policière plus régulière et des projets d’aménagement. Le collectif a aussi contribué à changer les perceptions sur la vente de rue, désormais abordée comme une question sociale et économique et non plus seulement sécuritaire.

L’accompagnement mené auprès du Champ-au-Loup a quant à lui mis en évidence les difficultés rencontrées par certaines initiatives portées par des associations de locataires, notamment la dépendance à quelques bénévoles-clés et le manque de lieux accessibles. Cette expérience a permis d’identifier les conditions essentielles à la pérennité des actions collectives : la continuité du bénévolat, une médiation adaptée et la reconnaissance institutionnelle.

Au-delà de ces résultats, la recherche-action a mis en lumière le rôle du quartier, qui s’avère être un espace inégalement favorable au développement des “solidarités ordinaires” et les solidarités de proximité qui se tissent au quotidien. Les habitants impliqués ont gagné en confiance, en autonomie et en compétences. Certains animent aujourd’hui des réunions, coordonnent des projets ou participent aux concertations locales. De nouvelles idées sont nées de cette dynamique, comme la création d’une ressourcerie coopérative pour les vendeurs de rue, le projet d’une épicerie solidaire ou la relance de composteurs collectifs.

Un temps fort est venu clôturer ces deux années de recherche-action : un séminaire de restitution réunissant les associations accompagnées, chercheurs et partenaires, lors d’un colloque universitaire à l’Université Paris Nanterre, qui a permis de partager les enseignements du projet et de valoriser les savoirs produits collectivement. Cette rencontre, qui a largement donné la parole aux principaux concernés qui ont agi pendant deux ans au sein des collectifs a confirmé la pertinence d’un accompagnement citoyen, à même d’ancrer durablement la transition écologique et solidaire à l’échelle d’un quartier, en structurant l’action collective, qui repose elle-même sur la professionnalisation des pratiques militantes.

Crédit photos : Edouard Monfrais-Albertini